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COMMUNICATION DE L'HUMAIN AVEC L'ANIMAL



4 ESSENTIELLES LECONS

LECON I : " ON NE VOIT BIEN QU'AVEC LE COEUR. L'ESSENTIEL EST INVISIBLE POUR LES YEUX ".

" Le Petit Prince " d'Antoine de SAINT-EXUPERY : Chapitre 21, dernier paragraphe.

Antoine de Saint-Exupéry



LECON II: L’EDUCATION DE LA LIBERTE

Trop de travail et trop de leçons de travail en liberté avec les chevaux n’en ont en fait que le nom.

Dame Sarrasine porte ici des grands principes d’éducation, de rééducation auprès des humains et mis en mots par Carl R.ROGERS , pédagogue américain qui influença la psychologie humaniste, dans son livre « Liberté pour apprendre » Dunod. 1972.

Dame Sarrasine transpose ici de l’humain à l’animal ce que C.Rogers a compris, à savoir que dans toute relation humaine, il faut tout faire pour instaurer un dialogue de liberté.
"On n’enseigne pas, on renseigne"
Ce qui est essentiel c’est le sens personnel, libre, que toute personne peut tirer d’un renseignement.

"Respecter la liberté de l’interlocuteur en le mettant en situation de responsabilité exige une formation qui concerne le savoir-être plus que le savoir faire."

A ) Les 3 qualités fondamentales pour faciliter les apprentissages sont selon Rogers :
- authenticité – considération positive – empathie

-B) Les 5 voies d’actes à la prise de conscience de la liberté


A) LES TROIS QUALITES FONDAMENTALES :

♦  L’AUTHENTICITE

Rogers ne parle pas d’enseignants mais de facilitateurs d’apprentissage.
« lorsque le facilitateur » se trouve être une personne vraie, qui est authentiquement elle-même, et qui entre en relation sans masque ni façade avec celui qui apprend, il y a beaucoup de chances que son action soit efficace .»

♦  La CONSIDERATION POSITIVE

Carl Rogers l’appelle aussi acceptation ou confiance. C’est une confiance de base : la foi dans l’autre qui est fondamentalement digne de confiance. Chaque apprenant doit se sentir capable de faire des choses par lui-même en sachant qu’il a le droit d’avoir ses propres sentiments et besoins.

♦  L’ EMPATHIE

« Si un professeur s’assigne la tâche d’essayer de donner chaque jour à chaque étudiant ne fût-ce qu’une réponse non évaluative, acceptante, empathique à des sentiments exprimés verbalement ou autrement, je suis convaincu qu’il découvrira l’efficacité que recèle cette compréhension qu’on ne rencontre pourtant presque jamais. » Cette empathie s’exprime par des messages verbaux et non verbaux (signe de tête, sourire, main sur l’épaule, accolade…), une écoute active.

B) LES 5 VOIES D'ACTES A LA PRISE DE CONSCIENCE DE LA LIBERTE :

Se basant sur l’éducation de la liberté selon Rogers, Antoine de la Garanderie ( qui a mis en lumière la "gestion mentale"), résume dans son livre "Apprendre sans peur" les 5 voies d’actes à la prise de conscience de la liberté.

1) Nous avons tous des difficultés. Aucun être humain ne maitrise totalement sa vie.
Le pédagogue de la liberté se doit de maintenir présent dans sa conscience cette vérité première :
on n’est pas plus à l’aise avec soi qu’autrui ne l’est avec lui-même.

2) La CONGRUENCE ou AUTHENTICITE :

Le pédagogue de la liberté doit se tester constamment afin de s’obliger à dire ce qu’il pense, ce qu’il croit, ce qu’il veut être et à agir en conséquence. C’est la référence à soi qui lui permet de confronter tout ce qu’il estime le concerner.

3) La CONSIDERATION POSITIVE INCONDITIONNELLE :

C’est le respect de l’authenticité d’autrui. Le pédagogue de la liberté estime que toute personne a le droit d’avoir ses propres sentiments et expériences et d’y mettre ses propres significations.Il reconnaît l’affirmation de son interlocuteur sans la moindre interprétation. Lui seul est maitre du sens qu’il donne à son propos.

4) L’EMPATHIE

Elle consiste à comprendre ce que ressent son interlocuteur, à faire sien ses sentiments, ses émotions, ses passions, à partager ce qu’il vit affectivement. La sympathie c’est avec l’autre ; l’empathie c’est en l’autre.

5) Permettre à l’interlocuteur de saisir le sens de la relation qu’il entend vivre avec lui, caractérisé par les quatre premiers principes : l’interlocuteur est l’artisan de sa liberté.

La qualité de cette relation déjoue la peur : peur de ses difficultés, de sa capacité à être soi-même, d’être aliéné par autrui. Il convient de promouvoir la situation relationnelle qui soit celle de l’expression des libertés de l’interlocuteur. 



LECON III : PATIENCE ET LONGUEUR DE TEMPS

Et de citer les deux morales de la fable " LE LION ET LE RAT " de Jean de La Fontaine,
livre deuxième, fable éditée en 1668:

Le Lion et le Rat
Illustration de Benjamin RABIER - 1906



♦  "PATIENCE ET LONGUEUR DE TEMPS FONT PLUS QUE FORCE NI QUE RAGE."

La première leçon de cette fable étant :

♦  " ON A SOUVENT BESOIN D'UN PLUS PETIT QUE SOIT "

Cette morale, lourde de sens, peut aussi déboucher sur cette idée :

Le cheval est uni au destin de l'homme depuis fort longtemps et au tout début regroupé et élevé comme source de nourriture avant de devenir son destrier.
L'idée est intéressante également, si on se place du point de vue de l'intérêt du cheval.
Outre une sécurité alimentaire que peut lui procurer l'homme (mais il peut se débrouiller seul), l'intérêt de sa survie prend toute son importance. On peut s'autoriser à penser que le cheval ait pu se sentir protéger par l'humain du simple fait qu'en cas d'attaque de prédateur, l'humain courant moins vite, il devient alors la première proie permettant au cheval de prendre la fuite.
Ce confort sécuritaire certain, du point de vue de l'animal, a sûrement participé à sa domestication.
Il n'est pas non plus ridicule de penser que certains chevaux aient eu le désir de créer des liens avec l'humain tous comme beaucoup d'humains manifestent un désir de vivre avec les animaux sans vouloir pour autant les manger, utiliser, exploiter; simplement l'envie d'avoir un échange avec une autre espèce.


LECON IV : CONSEILS DE BON SENS DIFFUSES PAR LES ORTHOPHONISTES

Se référer à la partie humaine de ce site et il conviendra d'appliquer les conseils à l'animal avec lequel on désire communiquer.

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NE ICI : POUR CEUX QUI ONT LA CHANCE DE VOIR L'ANIMAL NAITRE PRES D'EUX.



Tente arabe
Sir Edwin Landseer "Tente arabe" 1866.



Dame Sarrasine s’intéresse ici aux chevaux arabes et à leur éducation et élevage.


I) AIMEZ-LES ET EDUQUEZ-LES COMME VOS ENFANTS.


Le bédouin a toujours été extrêmement fier de ses chevaux et cela se reflète dans les nombreux poèmes et chants qui louent leurs exploits.

« Chez le peuple bédouin, les soins les plus vigilants ont toujours été pris pour préserver la pureté de la race…
Le poulain, à sa naissance, né sous la tente, ne touchait pas le sol, mais était pris dans les bras d’une des personnes présentes pour être lavé et caressé, comme s’il s’agissait d’un nouveau-né. La jument et son petit partageait la tente de leur maître. L’encolure de la jument servait souvent d’oreiller à son propriétaire et les enfants jouaient avec les poulains. De cette manière, les juments et les poulains se prenaient d’affection pour les hommes et le poulain vivait constamment parmi eux… »
 Le Pur-Sang Arabe, Histoire, mystère et magie, conçu par Hosseïn Amirsadeghi ; Actes sud ; p19.

Dans les haras royaux, les poulains continuent d’être choyés comme des enfants.



II) DE L’EDUCATION AU DRESSAGE DES CHEVAUX.


La littérature sur le sujet et les écoles sont nombreuses. Dame Sarrasine ne désire pas s’étendre sur le sujet mais se doit de rappeler ici des extraits des principes de bon sens issus du magnifique NÂCERI:

♦ Le NÂCERI d’Abû Bakr Ibn Badr est un traité d’hippologie et médecine du cheval en terre d’Islam au XIV ème siècle.Ed Errance.


Le Naceri


" NÂCERI ", chapitre 12 ,p 25; p 26 " De la façon de monter les poulains et leur dressage ":


" - Dresser les poulains et les monter exige d’abord des cavaliers une connaissance parfaite de ce que la nature des chevaux compte de douceur comme d’hostilité, de docilité comme de rétivité, de lenteur comme de vivacité, de force de volonté comme de faiblesse, de mouvement comme d’inertie, et de ce que ces caractères peuvent profiter ou pâtir.

- Le dresseur doit exacerber, réduire, atténuer, contrarier en fonction des caractères désirés pour chaque animal selon l’utilité qu’en aura le cavalier, le roi en voyage...

- La première chose dont on a besoin pour tout cela est la douceur et la bienveillance : celle-ci est le commencement de tout.

- Il faut apprendre au poulain à entrer dans les ruelles étroites, dans des souks, au milieu des foules, l’habituer.

- Il ne faut pas que vous le frappiez à tout moment avec la cravache. Chaque fois que vous le ferez son émulation diminuera, il deviendra craintif et se dérobera…..

- Le cavalier maîtrise sa position en maintenant ses pieds fixes lorsqu’il est à cheval, en appliquant les cuisses contre la selle, en tenant habilement les rênes, en veillant à les rendre en tous sens avec tact, en les tenant et en les reprenant tout en douceur tandis que son corps s’agite pendant le travail...

- Le dresseur et les cavaliers doivent veiller d’abord à ne pas provoquer d’erreur et à ne pas nuire au dressage, puis à rechercher la bonification et l’amélioration. S’ils n’arrivent pas à améliorer les qualités du cheval, il ne faut pas que celui-ci perde de son caractère, car certains chevaux satisfont à ce qui leur est demandé par la douceur et la persévérance tandis qu’ils s’y refusent sous les coups. Chaque fois que vous frapperez un poulain son caractère se dégradera et il se détournera de ce qu’on veut obtenir de lui.

- Les moments les plus propices pour monter en vue du dressage sont les premières lueurs, avant le jour, et la toute fin de la nuit...

- Quand on s’assoit, il faut le garder à l’arrêt un moment pour qu’il prenne cette habitude ; cette position arrêtée est utile au...

- Lorsque vous montez le poulain et qu’il est au repos, prenez garde à ne pas commettre la moindre faute d’attention ; ...

- Si vous montez le poulain, après l’avoir maintenu à l’arrêt, faites le marcher lentement et ne vous arrêtez pas de temps à autre auprès des gens, c’est une mauvaise habitude qu’il pourrait prendre...

- Le cheval ne doit pas oublier le mors qui se trouve dans sa bouche : il faut au contraire manipuler celui-ci et le lui rappeler sans cesse pour qu’il sache que vous n’êtes pas inattentif….

- Si vous désirez faire tourner le poulain ……….ne le faites pas tourner trop court au début du dressage, alors que ses os sont fragiles ; il se produirait une déformation du haut des épaules, ce qui induirait une arthrite…….

- Si vous voulez l’arrêter, égalisez vos rênes et arrêtez le progressivement, pour que son arrière-main ne dévie dans aucune direction. Faites attention à ne pas le rudoyer lorsque vous lui demandez l’arrêt, ni à le frapper, car il prendrait l’habitude de résister. Au contraire, arrêtez-le par trois sollicitations d’intensité croissante et non brusquement d’un coup...

- Sachez que les prétentions des dresseurs à pouvoir bien dresser tous les chevaux sont mensonges et falsifications, car il n’est pas possible de parfaire ce que Dieu tout-puissant a créé diminué, sans combler les manques qu’il a imposés...

- Rien ne doit être supérieur à la passion du dresseur pour monter les chevaux; il faut que cela reste son souci constant. De cette façon, il perfectionnera ses méthodes de dressage et ses connaissances".



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NE AILLEURS : POUR CEUX QUI ONT LA CHANCE DE VOIR ARRIVER DANS LEUR VIE, UN ANIMAL AVEC UN VECU.



I) "JE NE PUIS PAS JOUER AVEC TOI, DIT LE RENARD. JE NE SUIS PAS APPRIVOISE...
APPRIVOISE, CA VEUT DIRE CREER DES LIENS"


" Le Petit Prince " d'Antoine de SAINT-EXUPERY: Chapitre 21.

Petit Prince


Ed Folio, p72 -73

"...Mais le renard revint à son idée:
Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaitrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé est pour moi inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé..
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince: S'il-te-plait...apprivoise-moi! dit-il.
- Je veux bien dit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps, j'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaitre.
- On ne connait que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaitre. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
- Que faut-il faire ? dit le petit prince.
- Il faut être patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'assoir un peu plus près..." Le lendemain revint le petit prince.
- Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heure, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...Il faut des rites. - Qu'est-ce qu'un rite ? dit le petit prince.
- C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures..."


II) LA FORCE DU LIEN

♦ Il convient ici de citer les merveilleuses familles Pignon et Delgado et la force du lien qui les unit à leurs chevaux

Magali Delgado et Frédéric Pignon nous exposent l'essentiel en 5 chapitres dans "La force du lien"
Ed Actes Sud:

- Chapitre 1 : La rencontre

" Au moment de la rencontre, tellement de choses se jouent que l'on perd parfois l'essentiel de ce qui doit retenir notre attention et déterminer nos choix...

- Chapitre 2 : Construire ensemble

" Construire une véritable relation de confiance et de coopération est un cheminement long qui passe par des étapes essentielles. Avec un cheval comme avec un humain, cela exige un profond respect de l'autre et un désir de coopération mutuelle. Par petites touches au quotidien, le lien se tisse et se renforce jusqu'à devenir quelque chose d'inébranlable...ou presque !"....

- Chapitre 3 : Grandir ensemble

" La relation aux chevaux nous propose un cheminement pavé de remises en question, d'apprentissage de la disponibilité, de l'adaptation, de la tolérance, de la patience, du respect, de l'humilité.Elle nous permet de progresser vers une forme de sagesse, pourvu que nous soyons prêts à écouter les chevaux et à nous mettre en chemin."...

- Chapitre 4 : Se perdre - se retrouver

- Chapitre 5 : La force du lien

" Quelle force étrange unit hommes et chevaux ?..."

♦ Ce livre est préfacé par Linda Tellington-Jones, merveilleuse femme de cheval mais pas seulement, Dame inspirée qui a mis au point la TTouch et la TTeam, préface qui résume l'esprit qui l'anime et la lie à Frédéric Pignon et la famille Delgado en nous narrant p 13 :

" Depuis l'enfance, je m'intéresse aux relations très particulières qu'entretiennent les chevaux et les humains, ainsi qu'aux méthodes d'entrainement qui partent du coeur et sont basées sur la compréhension réciproque entre ces êtres. J'appelle ces relations des " connexions profondes interespèces". Malheureusement, elles sont rares parce que la plupart des modes de dressage sont fondés sur l'idée de répétition, de domination et de désensibilisation. Je préconise une relation d'affection à laquelle le cheval prend plaisir tout autant que l'être humain."..... ...
Frédéric a expliqué que l'amour était la clé de la réussite quand on travaille avec les chevaux"...puis d'évoquer un de ses livres favoris :" aimer, c'est se libérer de la peur,de Jerry Jampolsky. D'après l'auteur de ce livre, il n'existe que deux émotions : l'amour et la peur. Je suis convaincue que le dressage par la répétition, la domination et la désensibilisation repose sur la peur..."
Dame Sarrasine en est convaincue également.

Pignon et Delgado



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